pourquoi annoncer la mort aujourd’hui ?
Pour annoncer un décès dans nos cultures occidentales aujourd’hui, il n’y a pas 30000 solutions : le téléphone (appel ou texto) pour les proches, les réseaux sociaux ou encore parfois le journal local pour le reste du monde. Pour le commun des mortels, nul besoin d’invitations imprimées, les personnes sont informées de l’heure et du lieu de la cérémonie par des moyens similaires.
Et c’est normal ! Entre les délais très courts, les détails administratifs, les aléas de la Poste et les émotions à gérer, envoyer un faire-part ou créer un design spécial pour le jour J n’est plus une priorité. Pourtant, les cérémonies constituent l’un des rituels funéraires les plus importants de nos jours.
une tradition en voie de disparition
S’il est compréhensible qu’on ait perdu cette tradition fasse à la rapidité du numérique, il n’en est pas moins qu’il y avait une certaine tendresse et bienveillance dans l’envoi d’un faire-part de décès ou d’une carte de condoléances : la création d’un moment spécial, autant pour la personne qui l’envoyait que pour celle qui le recevait.
Avant, par son apparence, l’enveloppe avec ses bords noirs étaient un signe graphique indiquant clairement la nature de la lettre envoyée. La personne la recevant avait alors le choix de la façon dont elle souhaitait appréhender la nouvelle : en ouvrant l’enveloppe immédiatement, ou en attendant d’être dans un endroit plus propice à recevoir ce malheur.
Ces fameuses bordures noires pouvaient aussi orner le papier à lettre personnel de l’endeuillé.e pour ainsi informer les personnes qui recevaient nos courriers qu’elle était toujours en deuil. Elles pouvaient parfois varier en taille et en densité selon la proximité du décès : plus le contour était épais, plus le deuil était alors récent. Les bordures étaient ensuite réduites jusqu’à revenir progressivement à un papier à lettre normal. Les mœurs voulaient que cette marque de deuil ne dure qu’une année mais certains, comme Mark Twain (1835 - 1910), continuaient à exprimer leur deuil en utilisant ces codes graphiques jusqu’à 10 ans après la mort de leur proche.
Une belle façon de garder en vie le souvenir, non ?
plus Comment retrouver cette bienveillance, cette connexion à l’autre et à notre deuil ?
L’idée ici n’est pas de réutiliser des codes qui n’ont plus de raison d’être mais d’offrir une alternative. C’est l’occasion de créer de nouveaux rituels - de se réapproprier ce qui se faisait pour créer nos propres traditions.
Par le choix d’un support et de codes différents, il me semble possible de s’ouvrir à une façon plus personnelle et attentionnée de rendre hommage - de retrouver cette connexion qui nous fait tant défaut aujourd’hui.
le faire-part numérique
C’est avec cette pensée que j’ai développé les faire-part de décès animés. À la fois pratique et respectueux des familles endeuillées, le format numérique permet une diffusion immédiate et plus accessible des informations en réduisant les distances géographiques qui peuvent parfois séparer les familles. Ce choix facilite l'inclusion d'un plus grand nombre de personnes dans le processus de deuil, offrant à chacun la possibilité de rendre hommage au défunt, peu importe où ils se trouvent.
Élément essentiel de mes créations, le travail d'illustration apporte une dimension plus poétique à ces moments teintés de douleur et de tristesse. En métamorphosant un message de perte en une œuvre visuelle délicate, ils permettent de célébrer la vie de la personne défunte tout en apportant réconfort aux proches.
Ici, la poésie s'inscrit dans la tristesse, offrant alors une pause, un souffle et une manière d’appréhender avec tendresse et bienveillance ce malheur.
Qui a dit que la beauté ne pouvait s’associer à la mort ?